Par un curieux retournement de situation dont l'histoire de la musique a le secret, la fin des années 70 assiste aux heureuses retrouvailles d'un public avide de se replonger dans le son du rock'n'roll des origines et de groupes désireux de le jouer comme à l'époque des studios Sun. Baptisé rockabilly, ce mouvement génère en France de nombreuses formations et est notamment pris en main sur le plan discographique par la marque Big Beat, de Jacky Chalard. Parmi tous les postulants l'histoire a retenu un nom : celui des Alligators.

Originaire de Caen, le quintet démarre ses activités dès 1977. Il se compose à l'origine de Alain Chennevière (chant), son frère Bertrand (guitare solo), Pascal Hervé (piano puis batterie), René Bigot (basse), Gilles « Momo » Cantini (batterie puis basse). Deux années d'activités scéniques voient nos sauriens remporter par deux fois le tremplin du mythique Golf Drouot, se produire à la Fête de l'Humanité, tandis que René Bigot s'en va et qu'arrive Marc Périz (guitare rythmique). Un 45 Tours autoproduit, tiré à 3000 exemplaires, voit le jour avec les premières versions de « Wild Blue Cat » et « Brand New Baby ». En 1980, c'est leur premier album, « Rockabillygator » un 25 cm dans la grande tradition, qui leur fait franchir le pas décisif. Le répertoire est en anglais et renferme huit compositions du groupe sur dix. A côté d'Alain Chennevière, figurent désormais Marc Périz (guitare solo), Pascal Périz (rythmique), Gilles Cantini (basse), Pascal « Squale », Hervé (batterie), plus le regretté Jacky Guérard (piano).

La reconnaissance nationale survient à la fin de 1980 lorsque les Alligators assurent à l'Olympia la première partie d'Eddy Mitchell. Les télévisions s'intéressent à eux. A cette occasion ils concoctent un super 45 tours quatre titres de reprises des Chaussettes Noires (et par-delà de Gene Vincent) qui les voit dorénavant s'exprimer en français. Le 26 janvier 1982 ils participent à l'émission télévision « Bop'n'Roll Party », dans le cadre des « Enfants du Rock », où ils interprètent en direct quatorze titres : des reprises millésimées, puis « Minuit Blues » et « Je suis un Alligator » de leur nouveau simple. Sylvain d'Almeida (basse) et Philippe Marchi (batterie) sont de la formation. Au printemps 1983, paraît le 45 tours « Ca Cogne ».

Hélas, la vogue rockabilly peine en ce milieu des années 80. Aussi, après le 45 tours « Ca Décoiffe », début 1985, rehaussé de l'album rétrospectif du même nom, les Alligators se séparent. L'histoire ne s'arrête cependant pas là. En 1990, Alain Chennevière et Pascal Périz fondent le groupe Pow Wow au succès que tout le monde connaît. Et, en 1995, Big Beat, qui renaît de ses cendres, propose en deux CD L'intégrale des Alligators : en anglais sur le premier volume, avec notamment douze des morceaux de la « Bop'n'Roll Party », en français sur le second tome. [NDNB : Il semblerait que ce deuxième volume en français ne soit jamais sorti, du moins les membres du groupe n'en sont pas au courant] Il ne faut jamais dire adieu à un alligator... plutôt « see you later » !

Pierre LAYANI (Juke Box Magazine)


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