Pow Wow
A l'unisson des rêves indiens

Pow Wow. Un cri de guerre ? Une formule magique ? Seuls les Peaux-Rouges connaissent la signification de ce terme. Il désigne en effet la réunion de toutes les tribus indiennes au cours de laquelle Iroquois et autres Comanches mêlent leurs voix pour entonner des chants sacrés. Le chœur indien, quatre vocalistes de nos proches contrées choisissent ce nom, il y a deux ans, pour réaliser un vieux rêve. Chanter a capella, c'est-à-dire avec la voix pour seul instrument. Alain, 34 ans, s'occupe des notes basses, Pascal, 33 ans, et Bertrand, 31 ans, se chargent des médiums, enfin Ahmed est ténor. Avant de se croiser, les voies des quatre chanteurs avaient pris des directions différentes. Alain et Pascal jouaient dans un groupe de rock, Les Alligators, Ahmed, sous le nom de Gene Everett, se produisait seul. Quant à Bertrand, il faisait du folk. Au hasard des cabarets parisiens, ils se rencontrent. Tard dans la nuit, après les concerts, dans les salles désertées par le public, ils se lancent dans d'interminables bœufs, ces moments d'improvisation musicale où ils commencent à chanter sans musique, avant de se dire: " Et si on faisait ça sérieusement ? "

Leur premier album s'intitule " Regagner les plaines ", c'est-à-dire retrouver la liberté ou la pureté indiennes. Pour les mélodies, un cocktail de choix est assuré. Du gospel, du doo woop, du rock. Le succès est immédiat. Le disque est classé deux fois numéro un au hit-parade. Lors des dernières victoires de la musique, Pow Wow est élu meilleur groupe. Et " Le chat " meilleure chanson. 1,2 million de CD sont vendus. Aujourd'hui, l'aventure continue avec la sortie d'un deuxième album, " Comme un guetteur ". Pas d'impatience ni d'angoisse chez les quatre complices. Ils se disent sereins.

Si Ahmed porte toujours un superbe scalp et Bertrand, une bague à l'éffigie d'un grand chef en parure de guerre, pas d'indiens dans ce nouveau disque. Sur la pochette, les quatre chanteurs se sont en effet transformés en statues de l'Ile de Paques. Posées en plein désert, les lourdes silhouettes de pierre lèvent le nez vers un horizon orange. Aube ou crépuscule ?

" L'écologie est importante "

" Nous guettons le IIIème millénaire, expli-que Alain. Nous allons perdre beaucoup de tribus, notamment en Amazonie, mais aussi des espèces animales. Nous avons donc décidé d'être vigilants. " " L'écologie est importante ", glisse Pascal. " Le monde sera-t-il meilleur ? " s'interrogent--ils. " Besoin de spiritualité ", répondent-ils sur des airs de negro spirituals (forcé-ment}, mais le jazz et même la bossa nova feront aussi entendre leurs rythmes. Et les Indiens, alors ? Oubliés dans les plaines de l'Amérique du Nord ? " Pas du tout ! Comme eux, nous revendiquons le rêve et l'intuition. " " Elan noir, un grand chef sioux, est un modèle pour moi, raconte Bertrand. D'après lui, les sages tirent leur enseignement des rêves. La tribu se mobi-lise ensuite pour représenter ces visions. Ils créent ainsi de grands tableaux où figurent des chevaux blancs avec des crinières d'or ou des femmes habillées de blanc, un rameau a la main. " Indien trouvé, hugh, sauvé !

C.M.
Télé Loisirs
du 25 septembre au 1er octobre 1993



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