Pow woW : Comme un guetteur

Impeccable. Leurs interprétations sont stupéfiantes de justesse, le feeling est au rendez-vous, et l'obsession a capella s'est même délurée puisqu'on y entend ça et là un piano, une gratte, des percussions, et beaucoup de claquements de doigts. Mais ceux qui espéraient de ces quatre amoureux du rock & roll (notamment Alain, la voix baryton, ex-chanteur des Alligators) qu'ils fassent un disque à signification rock (à image "rock") seront peut être un peu froissés mais la cause est perdue depuis longtemps. Après leur premier album pourtant déjà très rock (musique rock), au succès aussi imprévisible que phénoménal, ^me les plus purs des rockers-bluesmen-gospel-singlers (qu'ils sont) ne pourraient prendre d'airs de rock & roll attitude dans l'inconscient collectif français d'aujourd'hui. Et leurs racines, leurs reprises, leurs gueules, leur talent et leur vécu ultra-rock n'y changera plus rien. Pourtant ce disque est un bon disque de culture rock, en plus il est essentiellement vocal donc particulier, original. Et à une chansonnette près, c'est, dans le font, du rock & roll, du vrai, qu'ils interprètent là. Peu importe qui l'achètera. Leur vraie faiblesse est peut être plutôt du côté de leurs propres compositions, de toutes façons ils sont avant tout des bêtes de scène et si leurs détracteurs préfèreront d'avance le "Earth Angel" original des Penguins, "Jamaica Farewell" par Harry Belafonte (ou Chuck Berry) et le "Chain Gang" par Sam Cooke, au moins suite à cette impulsion une partie de leur public se penchera sur ces merveilles du rythm & blues, sur le doo-wop des Coasters, des Poonglows et quelques uns iront même jusqu'à se procurer les étonnants chefs d'oeuvre du Golden Gate Quartet dans les années trente qui ont inspiré Pow Wow plus que quiconque. Et ça vraiment, c'est déjà un exploit.


BEST n°304
novembre 1993



Retour à la page précédente